Generation V.


V pour Varsovie 

En sirotant une Paulaner fraîche pour se remettre de la soirée de la veille, on se creusait les méninges pour savoir ce qu’on allait faire ensuite. Tous nos lieux de repaire avaient fermé, emportés par les flots de la construction du tromé. La différence entre une catin et une escort girl, c’est 5 ans d’études, et Varso la vieille pute soviétique honteuse devenait petit à petit une escort maquillée aux néons fluo de Starbucks, MacDonalds ou Prada. Mais la lutte s’organisait. Le monde s’offrait à nous, chaque soir. Sans exceptions. Nous sortions de Plan B au moment où ça partait déjà en couille, les scandales à tire larigot avec des Agnieszka-couche-toi-là, nous descendions à Charlotte pour nous moquer, puis direction les Pawillony "j’appelle un Volfra", la tournée fleuve de Kamikazes, ces petites saloperies miniaturisées bleues, la petite assiette réparatrice avant la fermeture du Viet du coin. Et le moment crucial : Où allait t’on finir? Quel était le flow ? Saturator ? 1500m2 ? 5-10-15 ? Sen Pszczoły ? Huśtawka en mode chill ? Sketch, même un samedi soir ? Une soirée Nimp à Klubokawiarnia ? Boire des coups à Cud Nad Wisłą ? Kapitol ? Kamieniołomy pour une soirée French Touch? Nous les envisagions tous, de Dekada à Enklawa. Nous avons la ville entière à notre portée.


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V pour Victoire 
Bien plus tard, fatigués, c’était petit dèj déchiré à Przekąski Zakąski sous les yeux protecteurs de Pan Roman, ou alors le traditionnel after à Lemon ou Szpilka. Et tout ça se terminait bien souvent à Luzztro, où putes, macs et danseuses du Sofia se retrouvaient avec les étudiants trash, les junkies et les electro-lovers pour un after deglingué. Luzztro était le putain de banquet final des satanées aventures de notre famille de fous. Nulle description, nul enregistrement de musique, nulle photo ne pourrait vraiment décrire ce que nous ressentions à cette époque, cette énergie qui émergeait et qui éclairait tout sur son passage, nous étions une nouvelle génération de l’instant présent, agrippés au carpe diem comme des mômes ayant été jetés trop vite dans le grand bain du vieillissement, de la connerie et du sérieux. Nos weekends passaient en trombe comme des étoiles filantes. Les étincelles étaient partout. Nous avions l'impression que Varsovie vivait enfin sa Victoire.


V pour Verriersky 

C’est comme ça, dans cette ambiance où Varsovie explosait dans tous les sens, sur un coin de moquette dégueu de Luzztro ou devant les chiottes de 1500 (je sais plus), que j’ai rencontré ce petit gars, ce type qu’on appelle Verriersky. Chien perdu, la peau grise comme un caméléon de club Berlinois, le cœur plein d'éraflures, et l’esprit de la canaille parisienne, Verriersky le « neveu », le parieur fou, Verriersky le good selector qui tel un Keith Moon du beat electronique s’etait un jour assis à la place du DJ de Saturator après lui avoir cassé la gueule. Ce fut cela, le début de Verriersky. Je connais des types qui y étaient. Personne n’avait alors mesuré la puissance de cet instant. 
C’était le début de la Génération V.

Diego Alles