Tel un rituel, je démarrais cette vieille Mazda MX5 de juillet 1992 après avoir fait un contrôle obligatoire des liquides.
Cette guimbarde n’avait plus la forme d’antant, mais gardait sa ligne formidable. L’odeur de cuir se mélangeait à celle de l’huile et de la poussière des routes du Sud. J’y étais allé juste après l’avoir achetée, lors d'un road-trip mémorable.
...
Puis je branchais mon Ipod au poste de radio, et je balançais la musique. Les Doors ou quelques autres gloires du passé, ou une bonne Mixtape de Dj toute actuelle. Mais le Roi Lezard Jim Morrison etait celui qui pouvait particulièrement transformer n'importe quel moment stupide, comme celui d’aller au boulot, en une expérience réelle, un instant ou tous mes sens seraient en ébullition.
L’autoradio crachait le venin de Morrison :
There's danger on the edge of town
Ride the King's highway
Weird scenes inside the gold mine
Ride the highway west, baby
Ride the snake, ride the snake
To the lake, the ancient lake
The snake is long, seven miles
Ride the snake... he's old, and his skin is cold
The west is the best
Get here, and we'll do the rest
The blue bus is callin' us
Driver, where're you takin' us
Tel était le crédo : transformer chaque moment en plaisir simple, compter le temps libre de la semaine comme des weekends, et compter les weekends dans les instants de vacances. La Mx5 était l'instrument de cette façon de vivre. Le lien qui m’attachait à cette voiture était bien plus fort que celui qui ne pourrait jamais m’unir à une femme. La personnification de la liberté dont j’avais besoin, la promesse d’une route sans fin, même entre deux feux rouges. J’allais au boulot mais j’avais l’impression d’être ailleurs, les riffs de guitare et les passages d’orgue de Light My Fire me mettaient dans un état second, une larme coulant le long de ma joue. Un état névrotique - contemplatif..
Diego Alles