Une carte de San Francisco


Eh salut mec,


Ce fut un grand plaisir de recevoir ta carte postale représentant la baie de Frisco dans les années 80s, un tramway montant sur Hyde-Street...

A vrai dire, j'ai bien flippé en la regardant, faut dire que le symbolisme esthétique m'a perturbé. L’image est une putain de magnifique parabole de ma vie en ce moment. Je déconne pas ma gueule!

Je m'explique. 

...
En plein milieu de la baie, Alcatraz, représentant LA prison dans l’imaginaire collectif, celle dont on ne s’échappe pas. Enfin sauf si c’est Nicolas Cage ou Sean Connery, mais je m’égare. La rue qui descend, c'est inexorable écoulement des événements, c'est la force de gravite qui fait dégringoler le rocher de Sisyphe tout en bas vers Alcatraz : la vie est une cote, soit on descend soit on monte, la vie n’est pas un film de cul.

Le tramway c'est ma boite, un ascenseur dans ma vie, mais Alcatraz c'est la conséquence de ma boite sur ma vie : une prison (en carré VIP je te l'accorde).

En bas a droite de l'image, on peut distinguer une Volvo Break 240 DL de 1975 orange, double référence a ma copine, qui conduit un break Volvo, et qui Néerlandaise : couleur Oranje. La Volvo est garée dans le sens de la descente, veut elle me ramener vers le bas, moi qui ait réussi a monter toute la rue? Ou bien est t'elle simplement garée en marche arrière pour m'aider a emménager dans un des apparts ensoleillés qu'on devine sur le bord droit?



De l'autre cote, une voiture de sport garée, Toyota Celica, dans le sens de la montée. Elle représente tous les moments que je n'ai pas vécu, là où je pourrais encore aller, la musique que je n'ai pas encore écoutée.  Les deux types devant la voiture sont habilles pareil, il y a un petit et un grand chauve, on aura reconnu les Daft Punk Bangalter et Christo devenus vieux et gros à cause de la Vodka Redbull et de l’abus de putes et de coke en backstage. Les appartements au dessus sont gris et moins élevés que ceux de droite : c'est la solitude du sommet et l'inconsistance -au bout du compte d'une vie de perpétuel pseudo bad-boy papillonnant. Le gris,c'est l’acidité morne des murs des clubs electro.

Mais quoi qu'il arrive, je suis à un carrefour de trois choix possibles. Rester dans ma boite (le tramway) pour pouvoir regarder en face les autres passagers avec de la haine dans les yeux quand l'ensemble sombrera dans la mer. Ou alors choisir le break Volvo orange, la vie ensoleillée avec le risque de retomber tout en bas. Soit mettre une veste en cuir, mes Raybans, et démarrer la Celica Tuning et filer seul vers Big-Sur dans un délire paranoïaque. 

Mais la vie est bien faite, on n'est plus dans les années 80, on peut de nos jours choisir les trois sans renoncer en rien. Mais hier soir, dans le hall de mon immeuble, en 10 secondes, toute ma vie a basculée. En choisissant la carte postale tu as surement pensé à tous ces aspects, bougre de génie. Ou alors tu as pris une carte au hasard, et je dois retourner en vacances a l'hosto, ça m'avait fait du bien.

La bise,

Diego A.